Travailleurs français et immigrés : Unis dans le barrage! Unis pour l’émancipation !

Marine Le Pen serait « une présidente qui aime les Français », nous dit-elle dans sa circulaire électorale du premier tour. Elle assure que c’est pour « vous, Français… qui prenez soin de nos aînés, soignez les plus fragiles, éduquez nos enfants, faites tourner nos usines, vivre nos entreprises… » qu’elle est candidate à la présidence de la République.

Pourtant, parmi les travailleurs qui prennent « soin de nos aînés », soignent « les plus fragiles », éduquent « nos enfants », font « tourner nos usines »… n’y a-t-il pas aussi un certain nombre d’immigrés ? Les travailleurs français n’ont-ils pas plus d’intérêts communs avec leurs collègues immigrés qu’avec la milliardaire Le Pen et la classe bourgeoise qu’elle représente ?

Celle-ci veut nous faire croire le contraire en présentant la richesse nationale comme un gâteau d’une provenance mystérieuse, d’une nature et d’une taille prédéterminée, qu’il s’agirait de répartir entre les Français et les immigrés. Ainsi, pour que les Français aient plus, il faudrait que les immigrés aient moins : « J’appliquerai la priorité nationale pour l’accès à l’emploi, au logement et aux aides sociales ». Et pendant qu’on se dispute sous la table les miettes de sa brioche, la bourgeoise de Saint-Cloud continue de bruncher en paix avec ses camarades de classe.

Or, c’est bien nous, tous ensemble, travailleurs français et travailleurs immigrés, qui produisons le gâteau. Ensemble, nous sommes la force, l’intelligence et la créativité. Quel intérêt aurions-nous à nous diviser ?

Le fait est que dans le système actuel, il n’y a pas de travail ni de logements pour tout le monde, que pour beaucoup les fins de mois, les milieux de mois, voire les mois entiers, sont durs. Le fait est que l’aliénation au travail est de plus en plus pesante. Le fait est que, pour gagner leur vie, beaucoup d’entre nous sont contraints d’exercer des emplois objectivement inutiles, voire nuisibles, quoique parfaitement légaux : arnaquer les clients au téléphone, faire de la publicité (par définition mensongère), produire des objets polluants à l’obsolescence programmée, mettre au point des systèmes informatiques tordus destinés à empêcher les usagers d’accéder à leurs droits…

L’enjeu est donc pour nous de licencier nos exploiteurs-licencieurs et de nous auto-gérer : nous sommes personnels soignants, enseignants, informaticiens, ouvriers en bâtiment, architectes, chercheurs, artistes, salariés du transports, agriculteurs, pêcheurs… Qui nous empêchera de travailler ensemble pour garantir à chacun.e l’éducation, la santé, la culture et la gastronomie, française ou autre, pour toutes et tous ?

Toutes les conquêtes sociales du passé, dont nous profitons encore aujourd’hui malgré les attaques, toutes les expériences historiques tendant vers ce but, comme la Commune de Paris, la Révolution russe dans sa dimension anti-autoritaire, la Révolution espagnole, l’autogestion en Algérie, la Révolution zapatiste ou la Révolution kurde, sur lesquelles nous portons un regard enthousiaste sans jamais renoncer à la critique, attestent que nous en sommes capables. Elles sont notre tremplin vers l’avenir.

Nos intérêts de classe sont à l’opposé de ceux de Marine Le Pen et de la bourgeoisie qu’elle représente. Mais alors que son train de vie est si dissemblable à celui des Français qu’elle dit « aimer », elle invoque leur « mode de vie » pour donner l’illusion qu’elle forme avec eux une communauté de culture et d’intérêts. Ainsi, les Français seraient naturellement « laïques », tandis que les immigrés porteraient la responsabilité du développement de l’islamisme en France. Sur ce terrain, la vraie droite qu’elle incarne se livre avec la fausse gauche un incessant concours de racisme : la première prétend chasser l’islamisme en chassant les immigrés ; la seconde prétend défendre les immigrés en s’adossant à l’islamisme. Mais pour l’une comme pour l’autre, l’immigration est synonyme d’islamisme et la laïcité de particularisme français.

La réalité, c’est que parmi les véritables défenseurs de la laïcité et les véritables opposants à l’islamisme, comme à tous les autres intégrismes et à toutes les extrêmes droites, se trouve une très forte proportion d’immigrés et de Français de culture musulmane ! Peut-on sérieusement croire que tous les migrants qui fuient l’islamisme de leur pays d’origine, qu’il soit officiellement au pouvoir ou seulement influent dans la société, viennent se réfugier en France pour y reproduire ce qu’ils ont fui ?

La réalité, c’est que partout dans le monde se trouvent des partisans de l’intégrisme religieux, quelle que soit la religion concernée, et que partout dans le monde se trouvent des partisans de la laïcité. La lutte de la laïcité contre l’intégrisme religieux est un phénomène international et trans-culturel, tout comme la lutte des classes.

La réalité, c’est que la famille politique de Marine Le Pen a toujours été l’adversaire acharné de la laïcité, ce principe de neutralité des institutions publiques qui nous permet de vivre nos vies, de nous former, de penser, de nous exprimer, sans être parasités par des diktats obscurantistes. Si Marine Le Pen oppose la « laïcité » à l’immigration, c’est parce qu’au fond, ce mot dans sa bouche n’est que le paravent d’une France catholique, la France d’avant la Révolution. Assurément, son projet de société n’est pas plus enviable que celui des islamistes !

Marine Le Pen veut nous affoler avec ce qu’elle appelle la « submersion migratoire ». Mais pourquoi des gens sont-ils contraints de migrer ? Les causes sont diverses : persécutions, guerres, difficultés économiques, catastrophes naturelles ou écologiques… Lorsqu’il s’agit d’anciennes colonies françaises, la migration est souvent la conséquence d’un problème dont la France détient une partie de la solution. Prenons l’exemple des pêcheurs du Sénégal : leur activité est de plus en plus difficile parce que les chalutiers européens et chinois raflent tout le poisson, générant par là une double catastrophe, écologique et sociale. En désespoir de cause, certains de ces pêcheurs ruinés migrent. La relocalisation des activités de pêche et la pratique d’une pêche raisonnée sont dans l’intérêt de la planète et de tous ses habitants. Dans ce cas comme dans tous les autres, c’est par la solidarité internationale que nous trouverons les solutions aux problèmes dont les migrations contraintes sont la conséquence, et certainement pas en entourant la France de barbelés, en empêchant des familles de se regrouper ou en excluant de la nationalité française des enfants qui n’ont ni demandé à naître, ni choisi le lieu de leur naissance.

Le programme d’Emmanuel Macron pour le prochain quinquennat est une nouvelle offensive contre les travailleurs, avec notamment : la casse du statut des enseignants au profit d’un système à deux vitesses opposant les « feignasses » qui se contenterait de faire leur travail, pourtant si facile et si reposant, aux « professeurs sérieux » qui , eux, accepteraient des missions supplémentaires, le recul de l’âge légal de départ en retraite à 65 ans et les économies de bouts de chandelles sur le dos des allocataires du RSA fliqués et culpabilisés, sommés de se « rendre utiles ». Nous n’oublions pas les mains arrachées et les yeux crevés pendant les manifs. Nous n’oublions pas non-plus la priorité donnée à la « maîtrise des frontières » au moment où les Afghanes et les Afghans frappaient à la porte de notre pays pour échapper aux griffes des Talibans.

Mais avec Marine Le Pen et son parti historiquement héritier de la collaboration et de l’OAS, nous basculerions dans tout autre chose : son entreprise de division systématique des travailleurs, ses remises en cause de nos droits et libertés, beaucoup plus radicales qu’avec Macron, rendraient notre riposte beaucoup plus difficile. La démocratie parlementaire française risquerait d’évoluer vers une dictature utilisant le racisme comme mode de gouvernement. Il ne faut pas perdre de vue que derrière la « modérée » Le Pen, une cohorte de néo-pétainistes assumés, d’anciens ratonneurs d’immigrés, de catho intégristes et de dingues en tout genre attend d’aller à la soupe.

Alors ensemble, faisons-lui barrage !

Ensemble, construisons le communisme universel, sans dieux, sans « races », sans maîtres et sans frontières !

Lionel, le 20 avril 2022